Résumé du livre Ça - Stephen King
Tout avait commencé juste avant les vacances d’été quand le petit Browers avait gravé ses initiales au couteau sur le ventre de son copain Ben Hascom. Tout s’était terminé deux mois plus tard dans les égouts par la poursuite infernale d’une créature étrange, incarnation même du mal. Mais aujourd’hui tout recommence.
Les enfants terrorisés sont devenus des adultes. Le présent retrouve le passé, le destin reprend ses droits, l’horreur ressurgit. Chacun retrouvera dans ce roman à la construction saisissante ses propres souvenirs, ses angoisses et ses terreurs d’enfant, la peur de grandir dans un monde de violence.
Critique littéraire de ReadTrip à propos de Ça - Stephen King
J’avais à la fois hâte et un peu peur d’attaquer ce monument de l’œuvre du King et je suis finalement heureuse d’avoir enfin passé le pas de découvrir ce pilier de l’univers du maître. Je suis rapidement rentrée dans l’histoire et j’ai aussi très vite noté de nombreux parallèles avec "Le fléau" que j’ai lu il y a peu de temps.
En effet, la construction des deux romans est très proche. Au-delà du fait que ces deux histoires fassent parties des plus longues écrites par Stephen King, les deux débutent par une présentation détaillée et un peu longue des différents protagonistes de l’histoire. Protagonistes qui vivent chacun de leur côté et qui au fur et à mesure vont finir par se rejoindre pour former une sorte de Club du Bien ayant pour but de combattre les Forces du Mal. Passée cette construction assez semblable, les deux œuvres sont tout de même très différentes.
Dans "Ça", on va être centré sur un groupe d’amis, principalement lorsqu’ils sont enfants. Même si on les retrouve aussi à l’âge adulte, l’intérêt premier de cette histoire est bien l’enfance. "Ça" est connu pour être un roman d’horreur avec un clown dévoreur d’enfants, or, c’est bien plus que cela. Tout d’abord, Grippe-Sou, le clown, apparaît assez peu durant le roman. De plus, le cœur même de ce récit est avant tout l’enfance et plus précisément la capacité d’imagination qu’ont les enfants, leurs croyances et leur facilité à accepter les choses telles qu’on leur présente. Bien sûr, cela peut faire naître très facilement des peurs dans leur esprit naïf et extrêmement fertile et forcément, la thématique des peurs enfantines va être au cœur de l’histoire.
En plus de dépeindre l’enfance dans tout ce qu’elle peut avoir de fabuleux et de dramatique à la fois, Stephen King s’est attelé dans ce titre à rappeler aux adultes que nous sommes tout le merveilleux de l’enfance et tout ce que nous sommes obligés d’abandonner pour devenir des adultes, tout ce que nous perdons même, comme dépouillés d’une partie de nous, peut-être la plus belle partie d’ailleurs. Tout cela, dans le but de devenir des adultes terre-à-terre, bien plus étroits d’esprit, aux pensées bien souvent tournées plus vers des idées cartésiennes et par les tracas du quotidien que vers l’imaginaire et le rêve.
Et puis, l’autre grande thématique de ce roman reste l’amitié, l’esprit de groupe, d’appartenance et l’amour qu’apporte un ami. Je me suis vraiment attachée aux différents personnages, à ce club des ratés touchants par leur unité et par leur courage. Des enfants qui affrontent des choses terribles que ce soit à leur domicile (parents démissionnaires, manque d’amour parental, parents violents, etc) ou en dehors puisqu’ils subissent régulièrement le harcèlement et la violence d’une bande de gosses débiles et méchants au possible. Et puis comme si ça ne suffisait pas, ils vont devoir affronter Ça qui incarne leurs pires peurs et qui fera tout pour les faire disparaître.
Comme souvent chez King, on est donc en présence de parents plutôt détestables. Même si ce n’est pas le cas de tous, mention spéciale pour le père de Beverly et la mère de Stan qui étaient tout deux bons à être enfermés. Il est assez évident que le personnage de Bill, le chef de file devenu écrivant d’horreur à l’âge adulte, est une projection de King lui-même et j’imagine assez facilement que l’auteur a du pas mal puiser dans ses propres peurs et souvenirs d’enfance pour écrire ce roman. J’ai beaucoup aimé le personnage de Ben que j’ai trouvé intelligent, tendre et touchant et puis bien sûr, j’ai adoré Beverly, la seule fille du groupe qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui n’a pas froid aux yeux.
Forcément, avec un monstre tel que le Ça qui peut prendre la forme de n’importe quelle peur et qui dévore tout ou partie d’enfants ou d’adultes, on se doute que l’on va être avec un roman de King bien sombre et bien horrifique. C’est très clairement l’un des romans de l’auteur des plus gores et angoissants que j’ai pu lire jusque-là. Certains passages font froid dans le dos quand d’autres sont gores à souhait. Si vous avez peur de l’hémoglobine, de la tripaille et des douleurs physiques, très clairement, passez votre chemin. Attention aussi car il y a une scène de torture sur animal très difficile à lire.
Néanmoins, ce que j’ai aimé dans ce titre et ce que j’aime de façon globale chez King c’est qu’il ne se contente pas de faire de l’horrifique juste pour faire de l’horrifique mais pour donner corps à des thématiques bien plus profondes et explorer des sentiments que nous connaissons tous et que l’on esquive parfois, consciemment ou non. J’ai donc adoré ma lecture du premier tome, toute la mise en place de l’histoire, la découverte du groupe au travers de leurs vies d’adultes mais aussi de ce qu’ils ont vécu enfants. Tout du long, on ne cesse d’alterner les passages, principalement, entre 1957 et 1985. Cette construction peut paraître un peu confusante mais personnellement, je l’ai beaucoup aimé. De plus, les deux temporalités n’ont de cesse de se répondre et de créer un ensemble, une boucle, un cercle qui est un élément extrêmement important de l’univers de Stephen King. Plusieurs fois aussi la question du libre-arbitre et du Destin est posée. Les événements semblent parfois répondre à une sorte de force supérieure qui aurait écrit les choses à l’avance et agencerait certains détails pour que l’histoire se déroule comme son plan le prévoit, ce qui rejoint l’idée du cercle dans lequel l’humain serait pris.
J’ai donc adoré ce premier tome, dans lequel l’auteur plante aussi très bien le décor de la ville de Derry. Cette ville dans laquelle le Mal suinte à chaque carrefour et où je n’aurais envie de vivre pour rien au monde !
Malheureusement, j’ai trouvé que le deuxième tome était moins qualitatif. En effet, dans le second tome, on va suivre le combat de notre petit groupe, au présent et également au passé contre le Ça et si pourtant les choses paraissent s’accélérer dans cette seconde moitié et si, quelque part, on entre dans le vif du sujet, je ne l’ai pas autant apprécié que la première. Tout d’abord, j’ai trouvé que sur la fin, on avait parfois des longueurs que je n’avais pas du tout ressenties dans le premier tome (qui pourtant met en place l’histoire). L’auteur donne des explications autour du Ça et d’autres éléments importants et récurrents de son multivers et c’était sympa et intéressant.
Par contre, il y a dans ce second tome, une scène de sexe entre pré-ados que j’ai trouvé malaisante et déplaisante à lire en tout point. J’ai détesté ce passage trop explicite à mon goût, trop malsain et de plus je n’ai pas du tout compris l’utilité de la scène. Ok, on peut voir une symbolique forte derrière cela mais franchement, je trouvais qu’il y avait moyen de faire passer le message sans avoir besoin de pondre une scène aussi dégueulasse. Désolée monsieur King, je vous adore mais cette scène aurait largement pu et même du être supprimée. Le roman n’y aurait rien perdu, au contraire. Et puis la fin part trop en sucette pour moi. Trop de mystique, de cosmique et de fantastique à mon goût. Oui je sais que le fantastique est important dans l’univers du King et bien souvent cela ne me dérange pas mais la fin ici était pour moi too much par certains aspects. Malgré tout, j’ai aimé la toute dernière scène qui rappelle l’importance de garder une part de notre âme d’enfant même en étant adulte.
Enfin, il est de notoriété publique que malheureusement en France nous avons des traductions assez médiocres des romans de King. Une fois de plus ce fut le cas ici car au-delà de traductions parfois hasardeuses voire malheureuses, j’ai noté des coquilles et manquements dans le texte. Pour un roman qui date autant et qui a été republié il y a quelques années, je trouve vraiment dommage qu’on soit allés dans la facilité et que le travail d’édition n’ait porté que sur l’aspect esthétique du roman sans avoir pris le temps de corriger les erreurs de texte.
En résumé, je suis ravie d’avoir lu "Ça" qui dans l’ensemble reste une bonne lecture, un très beau roman sur l’enfance et l’amitié et aussi un pilier qu’il est important d’avoir lu quand on se lance dans l’univers de Stephen King mais ce ne sera pas l’un de mes préférés de l’auteur. Dans le genre œuvre majeure et gros pavés, j’ai donc préféré "Le fléau" à "Ça" alors qu’à première vue, l’histoire de Ça était calibrée pour bien plus me plaire que celle du Fléau. Un King donc riche, horrifique et bien plus complexe qu’il n’y parait mais que personnellement je ne recommanderais peut-être pas pour découvrir l’auteur mais qui bien sûr me donne encore et toujours envie de continuer à dévorer d’autres romans du Roi.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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