Résumé du livre Un père idéal - Paul Cleave
Jack Hunter est un bon époux et un père idéal. Un homme bien qui n’a qu’une manie : il assassine les prostituées. Un jour, sous les yeux d’Edward, son fils de neuf ans, Jack, premier serial killer de l’histoire de Christchurch, est arrêté. Vingt ans plus tard, Edward est devenu à son tour un citoyen modèle. Comptable dans un cabinet d’avocats, il a tout fait pour oublier et faire oublier son passé. Mais quand sa femme est assassinée, c’est vers son père, toujours derrière les barreaux, qu’il se tourne. En quelques jours, la vie d’Edward va basculer dans l’horreur.
Avec ce thriller glaçant et déroutant, l’auteur d’Un employé modèle impose un style tout à fait nouveau dans l’univers du polar.
Critique littéraire de ReadTrip à propos de Un père idéal - Paul Cleave
Je n’avais pas relu de Paul Cleave depuis ma lecture de "Un employé modèle" et je dois dire que ce fut aussi agréable et efficace que dans mes souvenirs. J’ai beaucoup aimé toute la première moitié de ce roman. Même si j'avais un peu de mal à voir où l’auteur allait m’emmener (car il n’était pas vraiment question pour une fois de tueur psychopathe) j’ai été surprise par la mise en place de cette histoire et par la façon qui m’a semblé très juste et réaliste, dont Paul Cleave a abordé la question du deuil. Car pendant une bonne partie de "Un père modèle" on va suivre Edward dans sa descente aux enfers personnelle, dans ce après qu’il faut apprivoiser, suite à un événement qui a totalement faire basculer sa vie en une fraction de seconde.
C’est terrible comme l’auteur parvient à nous faire vivre et ressentir comme il est possible d’avoir une vie en apparence parfaite, promise à de beaux lendemains et comme malheureusement, tout peu s’arrêter du jour au lendemain sur un coup du sort. J’avais énormément de peine durant ma lecture pour ce père qui n’arrive pas à gérer le décès de sa femme, qui ne sait pas vraiment comment prendre en charge en plus de ça la peine de sa fille même s’il a aussi conscience que cette gamine est désormais tout ce qui le rattache à la vie et qui le pousse à avancer coûte que coûte.
Donc, pour ce qui est de la gestion du deuil, de la question de la perte d’un être cher, j’ai trouvé ce roman très réussi. Ensuite, l’envie de vengeance assez naturellement survient et également la question de la potentielle hérédité du mal et là, l’histoire bascule dans une sorte de course-poursuite qui est très clairement la partie que j’ai le moins aimé dans ce titre. Tout d’abord parce que, alors que le début m’a semblé très réaliste et tout à fait crédible, pour moi, on basculait là dans quelque chose qui était plus de l’ordre du polar un peu fantasmé à la limite du film d’action par moment.
Alors ce n’était pas désagréable, mais du coup, ça m’a sortie de cette ambiance très réelle et profondément empathique dans laquelle j’étais depuis le début de ma lecture. La thématique de l’hérédité ou non du gêne du mal est un questionnement que je trouve profondément intéressant, mais je l’ai déjà vu abordé de manière plus subtile et plus approfondie que dans "Un père idéal". Ensuite, l’autre point qui m’a un peu posé problème dans cette seconde moitié de roman, c’est l’avancée de l’enquête menée par Edward qui parfois m’a semblé trop facile et à la fois trop floue. J’avais l’impression que certains protagonistes étaient sortis de nulle part pour faire avancer le schmilblick et j’ai un peu de mal avec ce sentiment de me faire enfumer par Paul Cleave, car il n’a pas trop envie de se casser la tête à m'expliquer les choses à moi lectrice. Il faut noter également que certains passages dans cette partie, regorgent de détails gores et sanguinolents alors attention aux lecteurs que cela peut rebuter.
Par conte, j’ai plutôt bien aimé la fin. Je n’avais d’ailleurs pas vu venir certains aspects de la fin. J’ai même cru à un moment que j’allai lâcher une petite larme. Vu la direction entre roman d’action et d’horreur qu’avait un peu pris la seconde moitié du roman, je ne m’attendais pas à y trouver une telle émotion. Même si la toute fin m’a un peu déçue, non parce que je la trouve ratée, mais parce que j’aurais aimé une autre fin, peut-être un peu plus radicale, je l’ai trouvé dans l’ensemble assez intelligente. De plus, elle laisse une porte ouverte pour une potentielle suite et si à ce jour, ce roman reste un one shot, je ne serais personnellement pas contre un petit tome 2.
Enfin, j’ai beaucoup aimé l’ambiance et le décor. Comme à chaque fois avec Paul Cleave, l’histoire se déroule dans la ville de Christchurch et sincèrement, après avoir lu "Un père idéal" je n’avais pas particulièrement envie d’aller y poser mes valises. Oui, la vue de cette ville est biaisée par le vécu d’Edward puisque c’est la ville dans laquelle il a tout perdu, mais du coup, à la lecture, on a vraiment ce sentiment d’une ville gangrénée par la misère et le crime où il ne fait pas bon vivre. Et ce sentiment est renforcé par l’ambiance de chaleur étouffante très bien décrite par l’auteur. D’ailleurs, c’est assez drôle pour les lecteurs européens de lire ce genre de roman qui se passe durant les fêtes de fin d’année et où Noël se prépare sous 40 degrés et où après le repas et l’échange de cadeaux, on va faire bronzette dans le jardin en bikini. Bien que cela soit logique, à la lecture, ça m’a presque semblé totalement farfelu puisque cela est très loin du type de Noël que l’on peut faire dans l’hémisphère nord.
"Un père idéal" est donc pour moi un bon polar, plutôt addictif qui aborde bien les thématiques du deuil, de la famille et de la génétique et la transmission du Mal, le tout renforcé par une ambiance suffocante et dépaysante que j’ai apprécié. Malgré tout, j’ai ressenti un petit essoufflement et une perte de réalisme dans la seconde moitié du roman qui fait que pour ma part ce ne sera pas un coup de coeur et que ce titre restera une simple lecture agréable et divertissante. J’ai par contre très hâte de découvrir sa duologie Théodore Tate puisque l’auteur parle plusieurs fois de ce personnage dans ce roman-ci, heureusement sans que cela ne soit spoilant (en tout cas, cela ne m’a pas semblé particulièrement gênant ni divulgâchant).
Paul Cleave, est donc un auteur néo-zélandais agréable avec un petit penchant pour les tueurs psychopathes et les détails parfois un peu sanglants que je continuerai à découvrir avec plaisir.
NOTA BENE
L’avis de la rédaction est purement personnel et nous ne prétendons en aucun cas que cette critique littéraire soit à prendre comme une vérité absolue. Nous vous invitons donc à laisser votre propre critique dans les commentaires et à noter ce livre afin d’avoir un avis général représentant au mieux la foule des lecteurs.
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